Approches philosophiques de l'ostéopathie
Sous la direction de Laurent Denizeau
Des ostéopathes prennent ici la parole. Ils tentent de rendre compte de ce qui fait leur expérience perceptive, relationnelle et thérapeutique quotidienne, et de l’analyser avec des outils philosophiques.
Nombre de pages : 380
Format : 150 x 225
Date de parution : novembre 2017
ISBN : 978-2-35432-219-9
Préface de jean-Marie Gueullette
en stock
Collection : OstéopathieNombre de pages : 380
Format : 150 x 225
Date de parution : novembre 2017
ISBN : 978-2-35432-219-9
26,00€
Préface de jean-Marie Gueullette
Chaque auteur s’empare de son sujet selon sa sensibilité ostéopathique en s’inspirant d’auteurs issus de la tradition philosophique mais aussi d’autres disciplines universitaires. Ils contribuent ainsi à fonder épistémologiquement la pratique de l’ostéopathie.
Les textes qui composent cet ouvrage ont tous été rédigés par des ostéopathes dans le cadre du Diplôme d’Université « Philosophie de l’ostéopathie » mis en place au du Centre Interdisciplinaire d’Éthique de l’Université Catholique de Lyon depuis 2014.
Caroline Bouin
Le doute comme école de la perception ostéopathique.
Simon Parizet
La présence ostéopathique en question.
Alain Andrieu
Une forme de tendresse à l’œuvre dans la pratique ostéopathique.
Frédéric Luczak
Développement de la pensée d’Andrew Taylor Still dans le contexte thérapeutique du méthodisme de John Wesley.
Marjolaine Bouaissier
Le rapport corps-esprit dans la construction d’une pratique ostéopathique.
Marie Eckert
Le fulcrum ostéopathique comme mise en œuvre d’une altérité : ostéopathie et phénoménologie.
Renaud Rannou
Ostéopathie et émergence pour dépasser le réductionnisme.
François Bel
Initiation à la perception subtile par l’expérience partagée entre l’étudiant et l’ostéopathe.
Ildiko Néplaz
Les représentations de la main dans la formation au métier d’ostéopathe.
Monique Thinat
Ostéopathie et mots du corps : l’exploration d’une alliance.
Chantal Ropars
Quand la souffrance vient de l’enfance.
Introduction à une philosophie de l’ostéopathie – Laurent Denizeau
POSTURES
• Le doute comme école de la perception ostéopathique – Caroline Bouin
• La présence ostéopathique en question – Simon Parizet
• Une forme de tendresse à l’œuvre dans la pratique ostéopathique – Alain Andrieu
FONDEMENTS HISTORIQUES ET PHILOSOPHIQUES
• Développement de la pensée d’Andrew Taylor Still dans le contexte thérapeutique du méthodisme de John Wesley – Frédéric Luczak
• Le rapport corps-esprit dans la construction d’une pratique ostéopathique – Marjolaine Bouaissier
• Le fulcrum ostéopathique comme mise en œuvre d’une altérité : ostéopathie et phénoménologie – Marie Eckert
• Ostéopathie et émergence pour dépasser le réductionnisme – Renaud Rannou
TRANSMISSION
Initiation à la perception subtile par l’expérience partagée entre l’étudiant et l’ostéopathe – François Bel
Les représentations de la main dans la formation au métier d’ostéopathe – Ildiko Néplaz
MÉMOIRE DU CORPS
Ostéopathie et mots du corps : l’exploration d’une alliance – Monique Thinat
Quand la souffrance vient de l’enfance – Chantal Ropars
Présentation des auteurs
Table des matières
Des ostéopathes prennent ici la parole. Ils tentent de rendre compte de ce qui fait leur expérience perceptive, relationnelle et thérapeutique quotidienne, et de l’analyser avec des outils philo-sophiques. Des ostéopathes qui publient un ouvrage de philosophie, voilà qui n’est pas habituel. Voilà qui peut faire grincer des dents aussi bien les philosophes de métier, que les ostéopathes convaincus que la seule philosophie valable pour l’ostéopathie serait celle de Still.
Les textes qui composent cet ouvrage sont le fruit d’un long dialogue, instauré entre universitaires et ostéopathes au sein du D.U. « Philosophie de l’ostéopathie » que nous avons créé en 2014. Lorsque nous sommes entrés en relation avec le milieu ostéopathique par le biais de l’élaboration éthique et déontolo-gique, nous avons été frappés par le contraste chez eux entre une expérience radicalement originale et la difficulté à l’exprimer. Nous ne nous trouvions pas en présence d’un milieu professionnel qui aurait élaboré un jargon interne et qui aurait éprouvé la nécessité de traduire ce jargon pour le grand public. C’est déjà au sein même de la profession, c’est entre eux que les ostéopathes ont du mal à mettre des mots sur ce qui fait pourtant le cœur de leur métier. « Tu vois, c’est au niveau du foie… Tu as vu, ça a lâché », voilà des expressions que l’on entend facilement lorsque deux ostéopathes prennent le risque de travailler ensemble sur le même patient, mais personne ne semble s’être posé la question de ce que signifie voir, ou lâcher, ni même quelle est la réalité que l’on désigne prudemment par « ça »… Il nous est donc apparu assez rapidement que l’apprentissage du raisonnement par la philosophie, et la mise en place d’une plus grande rigueur de langage pourrait être aussi utiles à la profession que la publi-cation d’études cherchant à prouver son efficacité.
L’expérience fut passablement déroutante, pour tout le monde… Pour les spécialistes de sciences humaines et de philosophie que nous sommes, il nous a fallu trouver les moyens pédagogiques pour rendre la tradition philosophique abordable à des auditeurs peu coutumiers de la pensée spéculative. Il nous a fallu leur donner des outils pour oser se lancer dans une écriture structurée et argumentative. Il nous a fallu aussi, et ce n’est pas la moindre originalité de cette formation, oser y « mettre les mains », ou nous « mettre sur la table », puisque les cours ont été d’emblées articulés avec des temps de pratique ostéopathique qui donnent lieu à de longs moments d’échange et d’élaboration, qui croisent concepts philosophiques et expérience vécue. Du côté des ostéopathes, ce serait à eux de partager l’impact de cette expérience d’un an de formation philosophique. Mais leurs témoignages montrent, à notre grande surprise, que leur perception même a pu se trouvée modifiée, que leur comportement au cabinet n’est plus le même, le discours qu’ils tiennent avec leur patient a gagné en rigueur, en exigence éthique aussi. Il leur a fallu, lorsqu’ils venaient à Lyon, ou préparaient leur mémoire, apprendre à écouter les textes. Il est en effet toujours étonnant de voir comment les ostéopathes sont de grands praticiens de l’écoute fine, profonde et éminemment respectueuse de leurs patients, jusque dans le silence de leur corps, et que paradoxalement, ils ont souvent de grandes difficultés à écouter un texte dans ce que celui-ci a à dire. Dans de nombreuses publications, les citations sont tronquées, réécrites en fonction de celui qui les propose, les textes ne sont lus que dans le sens où ils confortent des idées que l’on avait déjà, souvent au mépris de leur contexte d’élaboration. De même que l’anatomie est une discipline aus-tère mais qui donne un cadre à une perception qui pourrait sans elle se transformer en projection, de même l’apprentissage des méthodes d’interprétation des textes en histoire, en philosophie ou en littérature est un point de passage obligé pour entrer dans une véritable écoute de ces textes et de ce qu’ils ont à dire. Très vite, il est apparu, et c’est stimulant, qu’aucun philosophe ne pouvait être convoqué comme le philosophe de référence de l’ostéopathie ou de la perception ostéopathique. C’est pourquoi le lecteur rencontrera dans ces pages Merleau-Ponty et Bachelard, Bergson et Aristote, Freud et Buber, selon que leurs réflexions viennent, pour une part, éclairer l’expérience ostéopathique.
À l’issue de cette formation, des ostéopathes prennent la parole en philosophie, et leurs formateurs se taisent, leur laissant la parole. Le caractère polychrome et inachevé de ce volume et des textes qui le composent doit être regardé comme le signe d’un travail qui commence, des premiers pas dans l’exploration d’un champ immense et passionnant, dans lequel les contribu-teurs ont fait figure de pionniers, en espérant bien être suivis par d’autres.