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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


La pensée du Bouddha

Richard Gombrich

Dans La pensée du Bouddha, le professeur Richard Gombrich, l’un des meilleurs spécialistes des études bouddhiques, soutient que le Bouddha est l’un des penseurs les plus brillants et les plus originaux de tous les temps, et que sa capacité d’abstraction a constitué une véritable percée intellectuelle.
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Collection : Le Prunier
Nombre de pages : 328
Format : 150 x 225
Date de parution : août 2017
ISBN : 978-2-35432-306-6
21,00€
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traduit de l'anglais par Frédéric Glasser

L’ouvrage se présente comme une introduction à cette pensée et, par là même, au bouddhisme. Il démontre que par l’étude des textes il est possible de retrouver la pensée originelle du Bouddha et d’en apprécier la cohérence et l’originalité en la mettant en relation avec le contexte historique des traditions brahmanique et Jaïn.

Le Bouddha a réinterprété dans un sens éthique les anciennes notions de karma et de renaissance, et affirmé notre responsabilité individuelle dans notre propre destinée. Il a insisté sur les valeurs positives de l’amour et de la compassion. Il a utilisé la satire et l’ironie à l’égard des idées de son époque, et la métaphore pour rendre accessible ses idées. En outre, certaines notions clés de son enseignement, comme « l’absence de soi », nécessitent d’être replacées dans leurs contextes historique et philo-logique pour être clairement comprises.

Cet ouvrage, remarquable par sa profondeur et son érudition, apporte un éclairage nouveau sur l’enseignement du Bouddha. Il est une référence indispensable qui passionnera tous ceux qui s’intéressent au bouddhisme, à la philosophie, à l’histoire des idées et des religions.

L’ouvrage a reçu en 2010 le prix « Outstanding Academic Title » de l’association des bibliothèques américaines.

L'auteur

Richard Gombrich est indianiste, spécialiste du sanscrit, du pali et des études bouddhiques. Professeur à l'Université d'Oxford de 1976 à 2004, il est le fondateur de l'Oxford Center for Buddhist Studies, et a été président de la Pali Text Society. Il est l'auteur de plus de 200 publications.
Avant-propos
Informations générales
Abréviations

Introduction
Chapitre 1 - Un peu plus sur le karma et son contexte social
Chapitre 2 - Les antécédents de la doctrine du karma dans le brahmanisme
Chapitre 3 - Les antécédents dans le jaïnisme
Chapitre 4 - Qu’entendait le Bouddha par « absence de soi » ?
Chapitre 5 - Les valeurs positives du Bouddha : l’amour et la compassion
Chapitre 6 - Évaluer les éléments de preuve
Chapitre 7 - Tout brûle : le caractère central du feu dans la pensée du Bouddha
Chapitre 8 - Causalité et processus non aléatoire
Chapitre 9 - La cognition ; le langage ; le nirvana
Chapitre 10 - Le pragmatisme et le style intellectuel du Bouddha
Chapitre 11 - Le Bouddha en satiriste ; les termes brahmaniques comme métaphores sociales
Chapitre 12 - Faut-il croire ce livre ?
Annexe : L’appropriation par le Bouddha de quatre (ou cinq ?) termes brahmaniques

Notes
Bibliographie
Avant-propos

Ce livre soutient que le Bouddha est l’un des penseurs les plus brillants et originaux de tous les temps.
Bien qu’il se présente comme une introduction à la pensée du Bouddha, et par là même au bouddhisme lui-même, cet ouvrage a également des objectifs plus larges : il soutient que l’on peut en savoir bien davantage sur le Bouddha que les spécialistes en vogue le prétendent, et que sa pensée est bien plus cohérente que ce que l’on admet généralement. Les interprètes anciens et modernes ont fait peu de cas du contexte historique des enseignements du Bouddha, mais en les reliant à des textes brahmaniques anciens, ainsi qu’au jaïnisme ancien, on obtient une image beaucoup plus riche du sens de ses enseignements, surtout quand on peut en apprécier la satire et l’ironie. Au passage, du fait que bon nombre des allusions du Bouddha ne peuvent être élucidées que par les versions en pali des textes qui nous sont parvenus, ce livre établit l’importance du Canon pali en tant que preuve historique.
Bien que le Bouddha ait fait un grand usage de la métaphore, il n’y puise pas ses arguments, à la différence des penseurs précédents : sa capacité d’abstraction constitue une véritable percée intellectuelle. Sa refonte éthique des conceptions antérieures de la renaissance et de l’action humaine (karma) a également constitué une percée pour la civilisation. Sa théorie du karma est logiquement au cœur de sa pensée.
Le karma est un processus, pas un objet ; en outre, il n’est ni aléatoire ni complètement déterminé. Le Bouddha a généralisé ces idées sur le karma à toutes les composantes de l’expérience consciente – excepté le nirvana, la libération de cette chaîne de l’expérience. Moralement, le karma fournit un principe d’individualisation et en même temps affirme la responsabilité de l’individu envers sa propre destinée.
Ce livre est basé sur des Conférences Numata, que j’ai données à l’automne 2006 à l’invitation de la School of Oriental and African Studies de l’université de Londres. Il s’agissait de dix conférences, sous le titre général : « L’origine et la grandeur des idées du Bouddha ». Je suis extrêmement reconnaissant à la Fondation Numata, Bukkyō Dendō Kyōkai, d’avoir financé ces conférences ; ils sont de loin les plus grands mécènes de l’étude du bouddhisme dans le monde. Je remercie le Dr Tadeusz Skorupski et le Dr Kate Crosby pour leur invitation. Les conférences étaient ouvertes au public, et je suis particulièrement reconnaissant aux personnes venues de très loin, qui ont posé d’excellentes questions, dont certaines m’ont permis, enfin je l’espère, d’améliorer mon propos.
Comme les conférences, ce livre a pour ambition de s’adresser à deux publics. Il contient beaucoup de choses nouvelles, de sorte que j’ose espérer qu’il intéressera, voire passionnera, les experts du domaine. Il est toutefois également destiné à un public plus large – en fait, toute personne un tant soit peu intéressée par le bouddhisme – même s’il ne répondra pas pleinement aux attentes de ceux qui n’ont aucune idée des enseignements du Bouddha. Je n’ai pas accordé de place aux connaissances rudimentaires qui peuvent être trouvées dans tout ouvrage de référence – ou mieux, peut-être, dans L’Enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens du vénérable Walpola Rahula par exemple. Mais j’ai tout de même intégré, pour que le lecteur puisse s’y reporter, le texte d’une brochure qui a été distribuée lors des conférences, intitulée « Informations générales ».
Comme je l’explique plus en détail ci-dessous, j’ai essayé de rendre le livre accessible en évitant d’utiliser des mots étrangers dans le corps du texte, sauf nécessité absolue, mais il y a tout de même des endroits où je ne peux pas faire passer mon message sans discuter le détail des termes palis. J’espère que ces discussions ne vont pas dissuader les non-linguistes ; cela ne le devrait pas. J’ai utilisé des majuscules pour certains mots, afin d’indiquer qu’ils sont les traductions usuelles de certains termes pali.
Ce livre est un hommage à feu le Vén. Dr Walpola Rahula, qui m’a enseigné une grande partie de ce que je comprends du bouddhisme ancien. Je suis convaincu qu’on ne me reprochera pas de souhaiter non seulement compléter son livre en abordant le sujet sous un angle plus historique, mais également, sur un thème, le nirvana, tenter de clarifier sa présentation, qui, je le crains, est un peu embrouillée.
Ce livre est destiné à être lu de la première à la dernière page, plutôt que picoré, car il contient des arguments assez complexes et accumule progressivement les preuves de la cohérence et du génie du penseur qu’est le Bouddha. Néanmoins, voici à toutes fins utiles un bref aperçu de son contenu.
Après des observations préliminaires, les deux premiers chapitres s’intéressent principalement au karma. Les chapitres 3 et 4 traitent ensuite respectivement des antécédents brahmaniques et jaïnistes des idées du Bouddha.
Le chapitre 5 démontre comment certains des principaux concepts du Bouddha se rapportent à des concepts issus des Upaniṣads et donc comment ils se relient les uns aux autres.
Le chapitre 6 est une étude de cas d’un sujet très important, le point de vue du Bouddha sur l’amour et la compassion ; il vise à montrer par l’exemple comment mon approche d’historien des idées peut apporter un éclairage nouveau sur la pensée du Bouddha. Le chapitre 7 traite ensuite de la méthode illustrée dans le chapitre 6, et donne ma vision des preuves qui soutiennent mes dires. Je réalise qu’il est inhabituel d’attendre la moitié du livre pour expliquer sa méthode, mais j’espère que cela maintiendra le lecteur en haleine.
Les trois chapitres suivants, 8 à 10, présentent ce que je considère comment étant les idées principales qui sous-tendent l’enseignement du Bouddha, ce que l’on pourrait même appeler sa « philosophie ». J’aurais aimé que mon texte soit aussi accessible que L’Enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens mais, au moins ici, j’ai sûrement échoué, car il me faut traiter de certaines idées sophistiquées et peu familières. Si certains lecteurs se sentent découragés au point de fermer le livre, j’espère qu’ils persévéreront néanmoins jusqu’aux chapitres suivants, parce qu’ils sont non seulement plus vivants, mais aussi (en particulier le chapitre 11) importants pour faire connaissance avec l’esprit et la personnalité extraordinaires du Bouddha. Le dernier chapitre passe rapidement en revue le caractère central du karma dans la pensée du Bouddha.



Pour en venir à ma propre pensée, j’ai d’énormes dettes intellectuelles, particulièrement envers Joanna Jurewicz et Sue Hamilton. Je suis conscient que mon texte ne traduit pas à quel point je suis redevable à la perspicacité de Sue Hamilton ; en particulier, si j’avais jugé pertinent de consacrer plus d’espace à la cognition dans le chapitre 10, j’aurais longuement cité ses travaux. Sa démonstration que le Bouddha parle toujours d’expérience résonne merveilleusement avec les premiers travaux de Joanna Jurewicz sur l’« Hymne de la Création » du Rig Veda, dans lesquels elle montre comment, dès les premiers témoignages de la pensée indienne, l’existence et la conscience sont intimement liées. Bien que le Bouddha les démêle, cette philosophie de l’expérience, comme on pourrait l’appeler, l’a profondément influencé. D’autres découvertes de Joanna Jurewicz sont tout aussi capitales. Non seulement elle a déchiffré le sens originel de la chaîne de l’Origine conditionnée, mais sa découverte de la croyance en la renaissance dans le Rig Veda rend également l’histoire des débuts de la religion indienne beaucoup plus plausible et cohérente. Je me demande si un autre chercheur a eu une contribution aussi importante dans cette discipline au cours des cent dernières années.
Je dois aussi une mention spéciale à mes étudiants plus récents que sont Noa Gal Ronkin et Alexander Wynne. Un enseignant ne peut avoir de plus grande récompense que de voir ses élèves le dépasser en se tenant debout sur ses épaules. Cela est au cœur du processus de conjecture et de réfutation, que je considère comme étant la seule voie de progrès.