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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Wabi-sabi

à l'usage des artistes, designers, poètes & philosophes

Leonard Koren


Wabi sabi est la quintessence de l’esthétique japonaise. Wabi sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses modestes et humbles. C’est la beauté des choses atypiques…
épuisé
Collection : Le Prunier
Nombre de pages : 122
Format : 140 x 215mm
Date de parution : novembre 2015
ISBN : 978-2-35432-300-4
16,50€

Traduit de l’anglais par Laurent Strim
Illustrations N/B


Wabi sabi est la quintessence de l’esthétique japonaise. Wabi sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses modestes et humbles. C’est la beauté des choses atypiques…

Développé par les maîtres japonais du thé, wabi-sabi est au cœur des divers arts traditionnels japonais – art floral, calligraphie, architecture, poterie, jardins.

Il renvoie à l’âme profonde du Japon imprégnée de bouddhisme zen.
Dans son sens le plus étroit, c’est un type particulier de beauté.
Dans son acceptation la plus large, c’est un mode de vie.


Introduction

Une histoire de l’obfuscation
Une définition provisoire
Une comparaison avec le modernisme
Bref historique
L’univers du wabi-sabi
Les fondements métaphysiques du wabi-sabi
Les valeurs spirituelles du wabi-sabi
Le wabi-sabi, état d’esprit
Les préceptes moraux wabi-sabi
Les qualités matérielles du wabi-sabi

Notes
Légendes et crédits photographiques

Une définition provisoire

Le wabi-sabi est le trait le plus évident et le plus caractéristique de ce qui représente à nos yeux la beauté japonaise traditionnelle. Il occupe sensiblement la même place dans le panthéon des valeurs esthétiques japonises que les idéaux grecs de beauté et de perfection en Occident. Dans son acception la plus large, c’est un mode de vie. Dans son sens le plus étroit, c’est un type particulier de beauté.

Le mot anglais le plus proche de wabi-sabi est probablement rustic*. Le Webster donne de ce terme la définition suivante : « simple, naturel, ou non sophistiqué… [avec] une apparence rugueuse ou irrégulière ». Bien que « rustique » ne donne qu’une idée limitée de l’esthétique du wabi-sabi, il correspond à l’impression que bien des gens éprouvent la première fois qu’ils voient une manifestation du wabi-sabi. Celui-ci partage certaines caractéristiques avec ce que nous avons coutume d’appeler l’« art primitif », c’est-à-dire des objets dont la couleur et la consistance rappellent la terre, simples, sans prétention et fabriqués avec des matériaux naturels. Au contraire de l’art primitif, toutefois, le wabi-sabi n’use presque jamais de représentations figuratives ou symboliques.

Du point de vue de l’étymologie, les mots japonais wabi et sabi ont des sens passablement différents. Sabi signifiait à l’origine « froid », « maigre » ou « flétri », tandis que wabi désignait la misère de celui qui vit seul dans la nature, loin de la société, et suggérait un état émotionnel de découragement, d’abattement, de déprime. Vers le xive siècle, les sens des deux mots commencèrent à se rapprocher de valeurs esthétiques plus positives. La solitude et la pauvreté volontaires de l’ermite ou de l’ascète en vinrent à être considérées comme des conditions favorables à l’enrichissement spirituel. Pour les esprits enclins à la poésie, ce genre de vie stimulait l’attention portée aux détails de l’existence quotidienne, ainsi qu’à la beauté d’aspects discrets et souvent négligés du monde naturel. En retour, la simplicité sans attrait fut prise comme base d’une beauté nouvelle, pure.

Au cours des siècles, les significations de wabi et de sabi se sont si bien entrecroisées qu’aujourd’hui, la ligne qui les sépare est en fait bien floue. Quand un Japonais contemporain dit « sabi », il entend par là également « wabi », et vice versa. Le plus souvent, les gens disent simplement « wabi-sabi », usage qui a été adopté dans ce livre.

[…]

Perception de l’ordre cosmique

Le wabi-sabi évoque les domaines les plus subtils, ainsi que toute la mécanique et la dynamique de l’existence, bien au-delà de ce que nos sens peuvent ordinairement percevoir. Tout ce qui relève du wabi-sabi dénote ces forces primordiales, un peu de la même façon que les mandalas hindous ou les cathédrales médiévales européennes furent construits pour communiquer leurs schémas cosmologiques respectifs, tout en suscitant une émotion. Les matériaux entrant dans la composition des objets wabi-sabi inspirent de tels sentiments transcendants. La manière dont le papier de riz laisse passer une lumière diffuse. Les modifications de couleur et de texture du métal quand il se ternit et rouille. Tous ces phénomènes sont des manifestations des forces physiques et les structures profondes qui sous-tendent notre monde quotidien.